JOHN LAW MANAGEMENT CONSULTANTS
Le changement est source de renouveau et de progrès? S’il faut en croire Proust, rien n’est moins sûr.

Même les partisans les plus acharnés de la discipline « Conduite du Changement » - qui promet des remèdes à de multiples maux - avoueraient qu’elle n’apporte pas de réponse aux angoisses existentielles si chères au narrateur de A la Recherche du Temps Perdu. Néanmoins ils prétendent qu’elle facilite énormément la mise en œuvre de nouveaux outils, de nouvelles règles de gestion, de nouvelles procédures opérationnelles et de toute autre innovation qui se veut porteuse d’un choc séismique salutaire au sein de l’entreprise. Cette confiance naît d’un optimisme fallacieux dans lequel le culte contemporain de la Conduite du Changement plonge ses racines : tout changement serait par définition positif, et seuls les râleurs, les entêtés, les mal renseignés, les opposants idéologiques et les bornés refusent de le reconnaître. Une bonne dose de formation, une déferlante de communication, et une poignée de carottes sont en règle générale jugées suffisantes pour dessiller les yeux et ramener tout le monde dans le bon chemin.

Qu’une approche si naïve ait pu séduire autant de monde est étonnant. De nos jours, aucun projet n’est autorisé s’il n’a été mis de côté dix à vingt pourcent de son budget au titre de la Conduite de Changement, et cela sans que des questions bien précises soient posées sur le pourquoi et le comment d’une telle dépense. En réalité, il s’agit d’un geste rituel, un dépôt sacré sur l’autel des dieux de la réussite : un sacrifice dont l’efficacité s’avère bien souvent illusoire.

Chez John Law nous préférons regarder la dure réalité en face avant d’agir, et nous avons basé notre approche dans ce domaine sur deux constats tristes mais véridiques :

Le changement est source de trauma et souvent de danger
Nous savons que le changement dérange l’équilibre parfois délicat du modus vivendi qui permet aux dirigeants et aux salariés, aux Directions tirées dans des sens différents par leurs priorités spécifiques, aux équipes qui se concurrencent pour obtenir des ressources limitées, et à tous les autres composants d’une entreprise de fonctionner ensemble plus ou moins harmonieusement et efficacement. En détruisant le statu quo – un mode de fonctionnement éprouvé par le temps et, quels qu’en soient les défauts, garant d’un environnement opérationnel stable et prévisible – le changement provoque une période de turbulence. L’ébranlement des certitudes d’hier peut user les nerfs, miner le moral, menacer la productivité, et même permettre aux opportunistes de saisir l’occasion de promouvoir un agenda personnel au détriment des intérêts généraux de l’entreprise.

Le changement est toujours décevant.
Les avocats du changement – quel qu’en soit la nature : de nouveaux indicateurs de performance, un nouveau système d’information, l’acquisition de ou l’absorption par une autre entreprise – sont forcément optimistes sur les conséquences. Les processus seront optimisés, les objectifs seront plus faciles à atteindre, tout le monde y trouvera des opportunités et une plus grande satisfaction professionnelle : le pays de Cocagne se situe toujours à l’horizon. Posséder et projeter une telle vision aide énormément à faire naître un projet (en son absence, quel Directeur Général s’engagerait à investir dans l’initiative ?) et à maintenir le cap tout au long de son cycle de vie. Un visionnaire convaincu peut certes imaginer beaucoup de choses, mais quand l’heure arrive de déployer un projet au niveau opérationnel, une telle foi aveugle devient réellement dangereuse. Toute innovation a ses défauts. Refuser de le reconnaître ne sert qu’à s’aliéner tous ceux qui ne comptent pas parmi ses catéchumènes. Une bonne dose de modestie, et la capacité de reconnaître les erreurs de conception et de réalisation, sont indispensables à un déploiement réussi. Dans la vie de tout projet, vient un moment où l’incrédulité d’un Thomas est la meilleure qualification pour évangéliser.

Faut-il en conclure que nous sommes contre tout changement ? Que nous sommes des nostalgiques de l’immobilité féodale et contre le ferment des idées et des techniques qui est le propre du capitalisme ? Pas du tout. Chez John Law il nous arrive souvent d’encourager nos clients à lancer des initiatives porteuses de changements radicaux. Mais nous les conseillons sans les bercer d’illusions en ce qui concerne les obstacles à surmonter, et nous savons quoi faire afin d’assurer que, autant que faire se peut, la nouveauté s’ancre au sein des pratiques et des habitudes opérationnelles.


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